Protection des ouvriers contre le HAVS : comprendre les risques
28 mai 2018
Les responsables de la maintenance et les cadres chargés de la santé et de la sécurité qui apprennent à protéger leurs ouvriers contre le syndrome des vibrations du système main-bras (HAVS) permettront d'améliorer la productivité de l'entreprise, ses bénéfices et sa réputation.
Votre organisation effectue-t-elle des travaux intensifs tels que des mises à l'arrêt dans des raffineries pétrolières et pétrochimiques, l'assemblage d'imposantes tuyauteries de gaz ou de liquides, ou le serrage de structures métalliques de bâtiments et autres infrastructures ?
Les opérateurs utilisent-ils des outils à main vibrants tels que des broyeurs ou des clés à chocs de façon prolongée dans la journée, jour après jour et toute l'année comme le montre le tableau ci-dessous ? Les opérateurs se plaignent-ils parfois d'engourdissement ou d'avoir les doigts blancs après avoir utilisé des outils à main, ou de douleurs dans les mains après un changement de température ?
Si oui, alors vos ouvriers courent le risque d'être sujets au HAVS et il est temps de prendre des mesures avant qu'il ne soit trop tard.
Comment déterminer si l'application entraîne un risque
Deux choses sont à prendre en compte pour déterminer si les ouvriers courent un risque : le niveau de vibration de l'outil et le temps d'exposition.
- Le seuil de vibrations, qui est normalement indiqué dans le manuel d'utilisation de l'outil, correspond à l'amplitude des vibrations calculée en m/s² selon la norme ISO28927 (norme des méthodes de test d'évaluation de l'émission vibratoire des outils portatifs motorisés). Le temps d'exposition se calcule en multipliant le temps de vibration à chaque cycle/heure par le nombre de cycles/heures d'utilisation quotidienne de l'outil.
- La principale norme qui indique le délai pendant lequel un travailleur peut utiliser un outil en toute sécurité est la Directive européenne 2002/44/CE. Elle a été validée à l'échelle mondiale comme la référence à suivre pour les questions relatives au HAVS, au point que le guide de poche de l'armée américaine y fait référence. Ce guide stipule le délai après lequel certaines mesures doivent être prises (valeur d'exposition journalière déclenchant l'action) et la durée maximale d'exposition par personne et par jour pour chaque seuil de vibration (valeur limite d'exposition journalière).
Amplitude des vibrations, m/s² | Valeur d'exposition journalière déclenchant l'action : lorsqu'elle est atteinte, des mesures techniques et organisationnelles doivent être prises afin de réduire l'exposition aux vibrations |
Valeur limite d'exposition journalière : ne doit jamais être dépassée |
2,5 | 8 heures | >24 heures |
5 | 2 heures | 8 heures |
10 | 30 minutes | 2 heures |
15 | 13 minutes | 53 minutes |
20 | 8 minutes | 30 minutes |
Il est intéressant de noter que les valeurs d'amplitude des vibrations fournies par les fabricants le sont uniquement à titre indicatif et qu'il faudrait toujours les mesurer en conditions réelles de l'application. Ce n'est pas toujours possible, et si tel est le cas, il est nécessaire d'appliquer un coefficient multiplicateur de sécurité à la valeur du fabricant et de se référer à la norme ISO5349 pour en savoir plus sur la façon de mesurer le seuil de vibrations.
Un cas concret
Examinons la situation de Joe :
- Outil utilisé : clé à choc CP6135
- Application : desserrer des gros boulons
- Amplitude des vibrations de l'outil : 13,6 m/s² (test standard ISO28927)
- Exposition aux vibrations : environ 13 minutes (200 boulons au cours d'un quart, chaque boulon prend 4 secondes à desserrer, ce qui fait 200 cycles x 4 secondes)
Selon la directive, pour une vibration de 15 m/s², la valeur déclenchant l'action est à 13 minutes. Étant donné que l'outil de Joe vibre un peu moins que cela, il n'encourt pas de risque. Il dispose d'une plus grande marge pour atteindre la valeur limite qu'il atteindrait après une heure environ.
Toutefois, si la situation devait changer et qu'il lui fallait desserrer bien plus de boulons par quart, il risquerait de dépasser la valeur déclenchant l'action. Pour réduire ce risque, il incomberait à l'employeur de prendre des mesures telles que, par exemple, décrites ci-après :
- Faire tourner les équipes pour que chaque ouvrier ait moins de boulons à desserrer.
- Passer l'outil utilisé en revue pour s'assurer qu'il est le plus ergonomique de sa catégorie.
- Remplacer l'outil avec un autre plus puissant qui réduise le temps de déclenchement.
- Modifier la conception des éléments assemblés afin qu'ils requièrent moins de points de fixation.
N'oubliez pas que la mise en place de bonnes pratiques pour tous vos employés doit être une priorité si vos activités impliquent l'exposition aux vibrations. Il est essentiel d'utiliser des équipements de sécurité et des outils bien entretenus ainsi que de garder les mains au chaud, si vous voulez éviter les blessures.
En savoir plus sur le HAVS :
Avis de non-responsabilité : cet article ne se veut ni un opus magnum pour contrôler l'exposition aux vibrations du système mains-bras ni un guide juridique à utiliser pour que votre entreprise soit conforme à la législation locale. E revanche, il fournit des informations pour vous aider à mieux comprendre comment aborder certains points importants. Ces informations n'équivalent pas à un conseil juridique au cours duquel un avocat examine votre situation particulière au regard de la loi. C'est pour cela que nous insistons pour que vous consultiez un avocat si vous souhaitez des conseils sur votre interprétation de ces informations ou sur leur exactitude. En résumé, vous ne devez pas prendre ces informations pour des conseils juridiques ni comme une aide à une quelconque compréhension de la loi.